Aymeric Lamorlette
propose ce séminaire à l’intention des étudiants L3 & M1 / ouvert à tous
Résumé : Depuis les années 40, de nombreuses modélisations de la production mondiale de pétrole ont été proposées, faisant suite à l'approche initiale proposée par Hubbert. Ces approches, de complexités croissantes dans le temps, considèrent la croissance et le déclin de production indépendamment de causes externes, pouvant évoluer dans le temps.
Il est ici proposé d’étendre l'équation de production en suggérant un couplage dynamique avec son Taux de Retour Énergétique (TRE), en utilisant un modèle type Lotka-Volterra.
Le modèle obtenu, après comparaison avec l'évolution de la production et du TRE sur la période 1960-2010, illustre la dynamique de production et l'existence d'un paramètre de contrôle externe : l'effort de production qui rend compte de la part ré-investie dans le processus production. L'évolution de ce paramètre donne de possibles explications sur le déroulement des chocs pétroliers et également une explication plausible quant à l'incapacité de l'approche initiale de Hubbert à prédire le pic pétrolier.
L'étude de cette évolution suggère également une tentative de contrôle de la production de pétrole dans le but d'optimiser le bénéfice et la production, en tentant d'obtenir une évolution linéaire de la production de 1960 à nos jours : le jeu du pétrole. Depuis la fin du second choc pétrolier, ce contrôle a seulement légèrement été infléchi pour la première fois entre 2000 et 2005, ce qui pourrait expliquer l'évolution dans l'investissement de l'extraction des énergies fossiles à cette période. De plus, afin de continuer à jouer ce jeu, le contrôle de la production doit à partir de 2020 être fortement infléchi, d'une manière jamais supportée par notre économie. Finalement, il semble que même en gardant cette nouvelle dynamique pendant vingt ans, la production atteindra un pic entre 2040 et 2048, en accélérant la chute du TRE qui atteindra des valeurs de 3.2-4.5 au moment du pic. Dans le pire des scénario économiques, la production peut être maintenue constante jusqu'en 2090 ou 2110. Quel que soit le scénario, cette approche suggère que la production de pétrole n'est pas symétrique par rapport au pic, contrairement à l'approche de Hubbert, et donc que les stratégies de transitions énergétiques envisagées jusqu'à présent pourraient devenir irréalisables.